Audrey Chenu publie en septembre 2013, Girlfight, une autobiographie. Cet ouvrage raconte le tournant d’une adolescente vers la délinquance, l’entrée en prison et le combat d’une femme pour s’en sortir. Paradoxalement, c’est en prison qu’elle enrichit sa passion pour l’écriture, espace de création où elle peut exprimer librement sa révolte contre le système.
Une jeunesse vécue dans la délinquance
Audrey Chenu vit son enfance près de Caen en Normandie, dans un cadre familial chaotique. A l’école, elle a des facilités et fait preuve d’une véritable soif de connaissances. Au collège, nourrie d’un besoin de tout remettre en question, elle se fait remarquer par son insolence. Le lycée est ensuite une période où elle expérimente ses premières drogues. Elle commence alors à revendre. Cela lui permet d’améliorer son quotidien tout en gagnant son indépendance. Elle quitte par la suite le domicile familial et entame un trafic de plus grande ampleur. Elle passe tout de même son bac, qu’elle obtient sans difficultés. Mais après plusieurs années, son réseau tombe et à 19 ans elle vit sa première garde à vue à laquelle succèdera la perte de sa liberté.
L’expérience de la prison
L’entrée en prison est un choc pour la jeune femme, qui risque d’écoper d’une longue peine. Son premier jour à la maison d’arrêt de Versailles est marqué par l’étonnement. Alors qu’elle s’attendait à une rivalité entre les femmes, elle est surprise par la solidarité ambiante. La routine carcérale s’installe rapidement et avec elle l’ennui. C’est alors l’occasion pour elle de remettre en question ses choix de vie, comme elle l’écrit dans son livre. Conduite au centre pénitentiaire de Fresnes suite à son indiscipline, elle en sortira du jour au lendemain, un sac sous le bras, sans solution de repli et sans projet professionnel. L’avenir proposé à une ancienne détenue n’est pas idéal. Elle commence donc à travailler dans une célèbre chaîne de Fast-food avant de se remettre à dealer. Arrêtée de nouveau, elle est de nouveau envoyée au centre pénitentiaire de Fresnes. Elle passera au total deux années derrière les barreaux.
Faire de la prison un espace de rencontres
Malgré les difficultés, Audrey Chenu a su se battre pour s’en sortir. La prison, espace d’exclusion, est devenue pour elle un lieu de rencontres et de découvertes. C’est derrière les barreaux qu’elle a fait la connaissance du philosophe François Chouquet et de la danseuse-chorégraphe Claire Jenny, véritables soutiens pour la suite. Elle développe son goût pour l’écriture, le sport, l’engagement politique et la solidarité. Forte d’une grande détermination elle reprend des études de sociologie. A sa sortie, elle parvient à obtenir l’effacement de son casier judiciaire afin de passer les concours pour enseigner à l’école primaire. Elle fait le choix engagé de travailler dans des écoles en zone d’éducation prioritaire. Elle lutte chaque jour pour donner à ses élèves les moyens de s’en sortir.
L’écriture, une arme à partager
Comme elle le dit elle-même: « L’écriture est une arme et j’ai envie de la partager. La donner à des personnes qui en sont éloignées. » Au travers de ses interventions après de différents publics, Audrey Chenu transmets sa passion pour la création littéraire. L’écriture a été pour elle un moyen de « reprendre le pouvoir sur sa vie et de ne plus subir la réalité qui s’impose à nous. » Cette pratique l’a alors accompagnée tout au long de son séjour en prison. Face à la privation de liberté, écrire lui a permis de reprendre le pouvoir sur la situation et de ne pas se laisser submerger par les émotions. Cela fait maintenant 10 ans qu’Audrey Chenu fait des ateliers d’écriture et de Slam avec pour objectif de permettre à ces jeunes de se faire une place dans la société.