Après trois étapes très réussies à Saint-Nazaire, Paris et Strasbourg, l’exposition « Au-delà des murs » s’achève et les œuvres présentées retournent à Berlin chez l’association Art and Prison.

Une exposition internationale

Sélectionnées parmi les oeuvres rassemblées par Art and Prison lors de concours internationaux d’art réservés aux personnes incarcérées, entre 40 et 50 toiles (selon la disposition des lieux), venues de 22 pays sur tous les continents, offrent au public une vision des rêves, des angoisses et des espoirs des détenus-artistes à travers quelques grands thèmes: la famille, l’aspiration spirituelle, l’angoisse, le rêve de liberté et bien d’autres.

Accueillie à Saint-Nazaire…

Accueillies d’abord au Parvis de St Nazaire, les toiles montrées par Art et Prison France y ont attiré de nombreux visiteurs. Les équipes du Parvis les ont mises en valeur et ont eu l’excellente idée d’organiser des visites scolaires. Des élèves de la troisième à la terminale ont pu ainsi communier par l’art avec les personnes détenues. Ils ont partagé les émotions jetées par ceux-ci sur la toile: angoisse de l’enfermement, culpabilité, recherche du pardon, espoir de liberté. Les questions nombreuses posées par ces élèves sur le sens des œuvres et des messages ainsi portés devant le public n’ont pas toujours pu trouver de réponse, mais ils ont tous été sensibles au dialogue initié par les artistes. L’exposition a également offert son cadre à la présentation du Village Saint-Joseph, lieu d’accueil pour personnes en difficulté: sans domicile fixe, sortants de prison ou confrontées à d’autres exclusions.

… puis à Paris

Le très beau bâtiment de la mairie du 3ème à Paris a ensuite été l’écrin parfait pour ces odes à la dignité humaine créées derrière les barreaux. Ce monument construit par la Troisième République pour traduire dans une architecture solennelle les idéaux républicains de liberté, égalité et fraternité a ainsi accueilli un art qui ne peut émerger de l’ombre que grâce aux progrès civilisationnels inspirés  par ces idéaux. Cette exposition a été l’occasion de la projection, sur invitation, du film « Un demi-mètre carré de liberté » réalisé par Inga Lavolé-Khavkina et tourné en grande partie lors d’ateliers artistiques en prison. Les détenus y expriment l’importance de pouvoir satisfaire leur besoin vital de créer dans cet univers contraint dont l’emprise les étouffe peu à peu. Plusieurs spectateurs ont manifesté leur espoir que ce film soit un jour projeté en détention. Enfin, le mardi 30 octobre, Stéphane Jacquot a présenté lors d’une soirée son dernier livre, « Pardonner l’irréparable », dans lequel il plaide pour une justice réparatrice et non simplement punitive.

et enfin à Strasbourg dans le hall du Conseil Régional où de nombreux visiteurs ont pu l’admirer

Les spectateurs ont été émerveillés par la finesse d’expression et la qualité technique des tableaux peints par ces artistes enfermés, tels celui de Radek Perlak intitulé Moving Nut (Pologne), « portrait flou », rieur ou atterré selon la façon dont on le regarde. Vadims (Lettonie) représente de façon stylisée le combat entre la lumière et l’ombre dans « Auto-portrait, ma vision du monde », avec son personnage au bord du précipice, éclairé par une lumière qui vient du bas. La douleur imprègne souvent les toiles, douleur d’une âme torturée après les actes qui l’ont amenée en prison ou douleur de l’enfermement ? Probablement les deux dans le portrait de Nicolai (Biélorussie), Douleur. L’enfermement est bien sûr un thème très prégnant qu’il soit représenté tel James Dean (Etats-Unis) dans un tableau plein de détails, ou de façon plus minimaliste dans le tableau de Yuen (Macao). Le thème de la peine capitale est aussi représenté par Stephen dans un tableau inspiré de la scène de Leonard de Vinci (The last duff, Angleterre). D’autres œuvres nous emportent dans un univers onirique, surréaliste. La palette des sentiments exprimés par ces artistes est très riche. Ils ont saisi leur liberté d’artiste.

Radek Perlak, Moving Nut
Vadims, Autoportrait ma vision du monde
Nicolai, douleur