Lecture

Nous vous proposons ici une sélection d’ouvrages abordant la question de la création artistique et de la prison. Il s’agit tout aussi bien d’études universitaires que de récits d’expérience.

Bast, En chienneté : tentative d’évasion artistique en milieu carcéral

Bast témoigne ici de son travail comme animateur d’ateliers de bande dessinée à la Maison d’arrêt de Gradignan. L’objectif était de faire découvrir aux mineurs détenus une nouvelle forme d’expression à travers le dessin et l’écriture de scénarios. Mais aussi de trouver un moyen de se raconter, de se dévoiler à travers des fictions, de proposer un lieu de communication et d’échange entre détenus et de développer leur imaginaire. Aux travers d’anecdotes frappantes l’auteur nous invite à pénétrer au cœur de son atelier.

Berthet One, L’évasion

Cette bande dessinée a été écrite et dessinée en prison par l’artiste, qui nous invite dans l’univers carcéral. Une succession de tranches vie vécues et racontées par le dessinateur. L’incarcération, la vie au sein de la prison avec les co-détenus et les matons, les visites au parloir, les cours… Rien n’échappe au petit œil malin de notre héros qui nous raconte ses aventures avec humour et décalage. L’Evasion, ou la plongée dans le quotidien du taulard, vue de l’intérieur…

Cendrine Borzycki, Hors les murs: journal d’un voyage immobile

Suivre des commissaires en prison… C’est dans cette aventure peu banale que s’est engagée Cendrine Borzycki, illustratrice. Elle accompagne un groupe de personnes détenues tout au long de leur travail de conception d’une exposition sur le thème du « Voyage », qui sera présentée dans l’enceinte du Centre Pénitentiaire Sud-Francilien. Elle assiste aux séances hebdomadaires au cours desquelles s’élabore le projet, avec le concours de professionnels venus partager leurs savoir-faire ; elle visite les musées qui ont accepté de prêter des œuvres pour l’exposition, elle saisit, au vol, des instantanés de la vie du Centre Pénitentiaire.

Thierry Dumanoir, De leurs cellules, le bleu du ciel. Le développement culturel en milieu pénitentiaire

Ce livre décrit la manière dont les questions culturelles ont été appréhendées à la Direction de l’administration pénitentiaire lors de la précédente décennie. Pour la première fois, est retracée l’histoire des moments féconds et des modalités multiples de la présence de la culture en prison. La transversalité, établie par l’auteur entre des orientations politiques, des décisions administratives et la mise en œuvre d’événements artistiques, élargit la réflexion sur l’action culturelle tout en interrogeant la représentation de la peine. Cet ouvrage démontre que la culture en prison peut être autre chose qu’un dérivatif à l’ennui. Elle peut devenir un ferment de citoyenneté par-delà les murs.

Sylvie Frigon et Claire Jenny, Chairs incarcérées: une exploration de la danse en prison

Ce livre est né de la rencontre de deux univers, deux parcours: la criminologue Sylvie Frigon s’intéresse depuis plusieurs années à la condition des femmes en prison, et s’est tournée plus récemment sur les possibilités d’expression qui leur sont offertes, notamment par la danse. Avec la compagnie Point Virgule, la chorégraphe française Claire Jenny crée des spectacles qui mêlent des détenues et des danseurs professionnels. Dans Chairs incarcérées, Frigon et Jenny explorent les apports de la danse contemporaine en prison et de la prison sur la danse.

Stéphane Jacquot, Pardonner l’irréparable

L’auteur a puisé dans le drame de l’assassinat d’un proche les raisons de son engagement politique en faveur d’une justice réparatrice pour les victimes et les agresseurs. Son livre poursuit deux objectifs. Le premier est de proposer des solutions pour améliorer la chaîne pénale en France entravée par la lenteur de l’exécution des peines et par une surpopulation carcérale inopérante. Le second est d’équiper notre pays d’une réponse face aux transgressions par davantage de prévention dans les méthodes de la police. La vie d’un homme ne se résume pas à ses délits. Il peut devenir meilleur si on lui donne une seconde chance : le pardon. Cette conviction forte de l’auteur est irriguée par sa foi chrétienne et une certaine idée de la République : celle incarnée par un Victor Hugo s’interdisant de désespérer de la capacité d’un criminel à se racheter.

Pierre-Marie Lassus et al. Le jeu d’Orchestre : recherche-action en art dans les lieux de privation de liberté

Pour la plupart des citoyens, la prison reste une zone d’ombre qui marque une ligne de partage entre deux mondes et entre deux sortes d’humains : ceux du dedans et ceux du dehors. Comment les rapprocher et construire un espace commun avec ce monde à part qui est aussi un lieu de vie ?
Une réponse a été donnée par la musique en tant que milieu, au sein d’un orchestre participatif où l’on peut croître ensemble en ayant le sentiment d’exister, à partir d’une source individuelle et collective. L’expérience a été vécue par une équipe pluridisciplinaire et internationale de chercheurs, étudiants, artistes et s’est déclinée pendant trois ans dans les onze prisons de la région Nord – Pas de Calais, sous la forme d’une recherche-action en art dans le cadre du programme Chercheurs Citoyens.

Florine Siganos, L’action culturelle en prison. Pour une redéfinition du sens de la peine

Les activités culturelles et artistiques sont un levier essentiel de réinsertion pour les détenus. En effet, l’activité culturelle constitue, par sa nature même, un moyen de corriger la nature de l’institution carcérale. Face à une organisation répressive entraînant la déshumanisation des relations entre les individus, l’activité culturelle semble être la plus à même de lutter contre les effets de l’incarcération et donc de commencer, à l’intérieur des établissements, un travail de réinsertion.