Hélène Bascoul intervient depuis neuf ans à la maison d’arrêt de Brest avec l’association La pince. C’est son expérience singulière d’artiste intervenante en prison que nous vous invitons à découvrir.

Atelier extérieur et atelier en prison : entre volontariat et obligation

Hélène Bascoul anime plusieurs ateliers dans la ville de Brest avec l’association La pince. Le samedi, c’est l’atelier de gravure avec un groupe de fidèle qui vient apprendre ou développer leur technicité. Le mercredi, c’est l’atelier des enfants où se rencontrent des porteurs ou non-porteurs de handicap. Elle remarque une grande spontanéité chez les enfants, leur imagination libre crée sans barrières. A cela s’ajoute d’autres interventions ponctuelles dans des centres de loisirs ou des hôpitaux de jour. Les ateliers à la maison d’arrêt de Brest à l’inverse des ateliers extérieurs l’amènent à se questionner sur la notion de volontariat. Les détenus peuvent parfois se sentir dans l’obligation de participer que ce soit pour les remises de peines ou pour se faire bien voir. Mais comme Hélène l’affirme : « J’ai beaucoup de surprise à chaque atelier ! Un détenu « obligé » peut très bien tomber amoureux de la gravure et être fidélisé comme un motivé ». Finalement, cette première approche vécue comme une obligation peut être l’occasion de découvrir ou redécouvrir la création artistique. Pour d’autres l’attrait est plus immédiat, ils viennent avec le souhait de passer le temps ou avec un véritable goût pour l’art.

Des ateliers à l’exposition

Lorsque qu’Hélène Bascoul se déplace en prison, elle est chargée d’un sac rempli de matériels pour assurer les deux activités qu’elle propose. L’atelier de pratique collective des arts plastiques, financé par le SPIP dont l’objectif est la réinsertion, peut accueillir dix détenus. Elle apporte différents documents pour trouver l’inspiration comme des magazines et chacun peut choisir une technique libre. Le choix est vaste : gravure, aquarelle sur papier mouillé, encres, crayons, feutres, argile ou collage. Le second atelier est celui d’art thérapie, financé par la maison d’arrêt pour le soin et la réinsertion sociale. Il est destiné à cinq détenus inscrits et engagés à venir à toutes les séances. L’objectif est différent du précédent atelier car l’objet créé n’est pas le but. C’est le chemin parcouru qui importe. Comme le dit Hélène : « Dans tous mes ateliers, le point commun est la liberté d’expression et le jeu créatif. ». Elle poursuit en décrivant le bienfait de ces ateliers : « La création ou l’espace de jeu créatif rendu possible par l’atelier est un espace de liberté d’expression personnelle précieux. Le silence possible de ce temps d’atelier est à lui seul un joyau pour soi. Ce temps suspendu permet la détente, la concentration, la mise en route d’une action qui a un début et une fin, qui permet au détenu d’être en entier à ce qu’il fait ». L’atelier avec les mineurs a d’ailleurs donné lieu à une exposition « Le goût de la liberté » au Centre d’art contemporain Passerelle en décembre 2018. Au travers de cette exposition, les jeunes détenus mineurs ont pu montrer à un large public leur expressivité créatrice.

Le dispositif Respecto : engagement et responsabilité

Les ateliers d’Hélène Bascoul s’inscrivent dans le cadre du dispositif Respecto mis en place à la maison d’arrêt de Brest. Respecto est un projet inspiré d’un programme pénitentiaire espagnol. Le dispositif Respecto engage le détenu avec l’administration. Ce dernier doit réaliser quinze heures d’activités qui peuvent aller des ateliers d’art au ménage des parties communes. La signature d’une charte permet de rendre effectif ce contrat basé sur le respect des engagements. En retour, la personne incarcérée obtient la clef de sa cellule pendant la journée et dispose d’une plus grande liberté dans ses déplacements. Un surveillant a par exemple mis en place un atelier plantation, ce qui permet aux détenus d’avoir un rapport à la nature mais également un échange différent avec le personnel de surveillance ce qui apaise les relations. Hélène remarque que les personnes qui participent au dispositif s’engagent sincèrement dans cette démarche respectueuse. Elle ajoute : « Cela les responsabilise, les rend plus autonomes et bienveillants ».